J'avais adoré la trilogie des Contes des Royaumes
de Sarah Pinborough, donc quand j'ai vu qu'elle avait écrit un livre
ayant pour cadre Whitechapel et les meurtres de Jack l'Eventreur, je
n'ai pas vraiment hésité. Allez savoir pourquoi, mais je trouve cette
période sombre et trouble plutôt fascinante...
Londres, 1888. Jack l'Eventreur sévit depuis plusieurs mois lorsque des cadavres de femmes atrocement mutilées sont
repêchés dans la Tamise.
Le médecin légiste Thomas Bond comprend qu'un
second tueur sévit dans les rues de Whitechapel, et il paraît
plus inhumain que Jack lui-même...
Pour lutter contre ses
insomnies, le docteur Bond passe ses nuits dans les fumeries d'opium.
Chaque soir, un inconnu en noir vient examiner les rêveurs perdus dans
les brumes opiacées. Pourrait-il être la clé du chaos qui s'est emparé
de la capitale ?
Nous voici donc plongés dans l'ambiance gore de Whitechapel, ce quartier mal famé de Londres, avec ses ruelles sombres, ses prostituées, et... Jack l'Eventreur! Nous suivons le docteur Thomas Bond et l'inspecteur Abberline dans leur (en)quête, non pas de Jack, comme on pourrait le penser, mais d'un autre tueur, qui semble-t-il profite de la présence de Jack pour assassiner et démembrer des femmes, qu'il jette ensuite dans la Tamise...
Très vite, le docteur Bond comprend qu'il s'agit d'un deuxième tueur, qui profite de l'agitation générale pour vaquer tranquillement à ses occupations de son côté, puisque tout le monde ou presque pense qu'il s'agit là de l’œuvre de Jack l'Eventreur.
Seulement voilà, le docteur Bond est sujet à de terribles insomnies, qu'il tente d'effacer dans les brumes de l'opium. C'est là qu'il rencontre un homme vêtu de noir, qui semble examiner les fumeurs, comme à la recherche d'éventuels indices. Cet homme est-il l'assassin? Œuvre-t-il de concert avec la police, ou est-il simplement l'incarnation des rêves du docteur Bond, une hallucination due au pavot?
Au début de ce roman, j'avais l'impression d'être plongée dans le décor du film From Hell: les rues mal famées, les fumeries d'opium, Jack l'Eventreur... J'avais vraiment l'impression d'être immergée dans le film, puis petit à petit le livre pose ses marques pour mieux s'en éloigner et raconter sa propre histoire.
L'ambiance est sombre et glauque à souhait, entre brouillard et meurtres, et à cela s'ajoute une petite touche de surnaturel bienvenue car bien trouvée et bien implantée.
Pour autant, ce livre n'est pas exempt de défauts. Il faut déjà réussir à se faire au mode de narration, qui m'a un peu perdue au début, le temps que je prenne mes marques. Nous naviguons en effet entre passé et présent et entre divers narrateurs et points de vue: le docteur Bond, Aaron Kosminski et l'inspecteur Abberline. Il faut donc bien faire attention à la date à chaque début de chapitre, car cela nous permet parfois d'avoir des éléments qui nous permettent de comprendre l'histoire et que les autres personnages ne possèdent pas.
De même, j'ai trouvé la première partie assez ennuyeuse. J'avais l'impression de piétiner, il ne passait pas grand chose. Mais dès que la seconde partie a démarré, j'ai alors eu du mal à lâcher ma tablette: l'auteur nous offre toutes les clefs pour appréhender l'intrigue dans son ensemble, nous avons toutes les cartes en main, et je me demandais comment le docteur Bond allait bien réussir à prouver ce qu'il venait de comprendre sans avoir la moindre preuve.
Puis arrive la troisième et dernière partie, et déjà la fin se profile. Et comme beaucoup d'autres, j'ai trouvé cette fin assez précipitée. Elle est bien trouvée et cohérente avec le reste de l'histoire, mais c'est bien trop rapide: j'aurais par exemple aimé savoir ce qu'il advenait de Juliana...
En bref, Whitechapel est un roman à la construction et à l'intrigue efficaces, avec un personnage principal torturé comme je les aime. Sarah Pinborough a fait fort, et malgré les quelques défauts que j'ai pu relever je lirai la suite avec plaisir, car oui suite il y aura!
lecture agréable
Ce livre a été lu dans le cadre du challenge Top 50, catégorie "Un livre dont le titre tient en un mot".
Ce livre compte également pour le challenge Les dames en noir.