Ce roman n'est que le deuxième que je lis de cet auteur, et le minuscule résumé de Livraddict (qui pour une fois n'est pas celui que j'ai choisi ^^) me faisait saliver d'avance. Imaginez donc ma joie quand miss Alhoa l'a choisi pour la session de septembre du Lecture en duo...
"Pour la plupart des gens, le rêve s’arrête au réveil."
Si ce n’étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d’Abigaël qu’elle est une femme comme les autres. Si ce n’étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu’Abigaël dit vrai.
Abigaël a beau être cette psychologue qu’on s’arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l’emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l’un de l’autre, elle n’a pas trouvé mieux que la douleur.
Comment Abigaël est-elle sortie indemne de l’accident qui lui a ravi son père et sa fille? Par quel miracle a-t-on pu la retrouver à côté de la voiture, véritable confetti de tôle, le visage à peine touché par quelques bris de verre? Quel secret cachait son père qui tenait tant, ce matin de décembre, à s’exiler pour deux jours en famille? Elle qui suait sang et eau sur une affaire de disparitions depuis quelques mois va devoir mener l’enquête la plus cruciale de sa vie.
Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur: elle-même.
J'ai souvent lu qu'on comparait ce roman au film Inception, et je dois dire que c'est plutôt flatteur et totalement vrai. On retrouve ici le concept des rêves imbriqués, le mélange entre rêve et réalité, bref loupez-vous un petit détail, et vous risquez probablement d'être largué.
Ah oui, et sachez que M. Thilliez a décidé de ne pas vous faciliter la tache, en choisissant un découpage assez audacieux de son roman: à chaque début de chapitre, une ligne temporelle. Point de départ, l'accident dont Abigaël est sortie indemne; point d'arrivée, un lavoir en flammes. Pour vous repérer, une goutte d'encre noire, qui vous précise à quel moment l'action dudit chapitre se situe.
Bref, vous loupez la goutte, vous n'y faites pas attention, eh bien vous risquez d'être quelque peu paumé. Vous n'aurez d'autre choix que de revenir en arrière, ce qui à la longue peut être agaçant, je vous l'accorde.
Et pourtant, j'ai apprécié ce choix narratif qui m'a obligée, une fois n'est pas coutume, à bien prêter attention à la chronologie des faits. Pour ceux qui ne veulent pas s'embêter, sachez que l'auteur vous propose à la fin de son livre le découpage chronologique de son roman ainsi qu'un chapitre bonus qui n'apparaît pas initialement dans le livre (et vous permet d'apprendre d'un seul coup beaucoup de choses, vous offrant par là la clef du mystère de ce roman).
Je vous conseille donc de ne lire ce chapitre bonus qu'une fois le livre terminé, car à mon sens c'est dommage de se spoiler ainsi l'intrigue! Je vous conseille également le découpage que certains trouveront anarchique, car il vous permet de voir l'histoire sous deux angles bien différents, et de parfois comprendre des choses avant Abigaël.
Abigaël, justement, est une psychologue qui souffre de narcolepsie sévère depuis son enfance, couplée à des crises de catalepsie. Le seul traitement se fait à base de Propydol, un médicament certes efficace mais qui a tendance à effacer des souvenirs de l'enfance d'Abi.
Seulement voilà, ces derniers temps, notre psy ne tourne plus très rond, elle a tendance à confondre rêves et réalité, à "vivre" des rêves imbriqués qui la font douter de tout et perdre la notion de réel. Seule parade: la douleur, qui va aller crescendo à mesure que l'on va tourner les pages. Car si le sang d'Abigaël coule, ça signifie forcément qu'elle est dans la réalité. Vraiment, hum?
Abi enquête donc sur des disparitions d'enfants. Une sorte de croquemitaine joue avec elle et son équipe au chat et à la souris, dévoilant deux mois après l'enlèvement un épouvantail au visage grimaçant, portant les vêtements de l'enfant disparu, mais ayant sur le crâne la chevelure d'un enfant qui, lui, vient juste de disparaître.
C'est donc ainsi que les enquêteurs apprennent qu'un nouvel enfant vient de disparaître. Le ravisseur a pour but d'enlever quatre enfants, sauf que pour la dernière, personne ne signale de disparition, on ne sait rien d'elle, c'est le néant complet.
Sauf qu'Abigaël se met à entrevoir des réponses à ses énigmes dans ses rêves. Et comme la distinction se fait difficile, elle note tout dans des carnets, qui vont parfois lui fournir des réponses aux question qu'elle se pose, notamment sur les disparitions d'enfants.
Bref, c'est tordu, difficile à expliquer, mais pour ma part j'ai vraiment apprécié ma lecture. Alors certes, quand je l'ai commencé, je n'ai absolument rien compris. Car le prologue n'est en fait pas un prologue, mais un chapitre censé arriver plus tard dans l'histoire, vous me suivez?
La plongée dans l'intrigue est donc immédiate, mais elle m'a quand même refroidie. Je me disais que tout cela n'augurait rien de bon, si déjà j'étais paumée dès les premières pages. Donc oui, le début a été un peu laborieux et j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire.
D'ailleurs, je dois bien vous avouer que je n'ai rien compris à Inception (il faudra même qu'un de ces je le revisionne, il paraît que ça va beaucoup mieux la deuxième fois ^^), ça partait donc plutôt mal avec Rêver.
Pourtant, je me suis accrochée, revenant en arrière dès que nécessaire, revivant des scènes mais d'un autre point de vue, mettant petit à petit les pièces du puzzle en place, échafaudant des théories qui se sont parfois avérées vraies, bref j'ai joué le jeu et je ne le regrette pas.
Du moins, si, il y a quand même une chose que je regrette: j'avais plus ou moins deviné une bonne partie de l'intrigue, j'ai eu une espèce d'intuition qui ne m'a pas lâchée pendant une grosse partie de ma lecture, un détail qui me titillait sans cesse, et il s'avère que cette intuition était la bonne. Certes, je suis passée à côté de plein de détails, j'étais contente sans vraiment l'être d'avoir deviné ce pan de l'histoire, mais j'étais frustrée car je ne comprenais pas comment et pourquoi c'était arrivé.
Bref, une fois encore Franck Thilliez m'a bien promenée d'un bout à l'autre de son roman, félicitations donc! Une fois passé le début un peu désarçonnant et le découpage chronologique, c'est un vrai page turner qu'il est difficile de lâcher tant on veut comprendre ce qui arrive à Abigaël, retrouver les enfants disparus et comprendre pourquoi ils ont été enlevés. La notion de rêves imbriqués et de difficulté à dissocier la réalité est bien exploitée, j'ai été prise dans la toile de ce récit, et je n'en demandais pas plus. A lire, donc!