mardi 22 mai 2012

Les imperfectionnistes

C'est un roman sympathique que ces Imperfectionnistes de Tom Rachman: l'histoire d'un quotidien anonyme de langue anglaise basé à Rome.
Il s'agit d'un roman choral, porté par onze collaborateurs, qui se croisent sans vraiment se connaître. 
Chacun des personnages du roman a droit à son propre chapitre, mais il n'est pas rare de les voir faire une apparition dans celui consacré à quelqu'un d'autre.
 
On y trouve entre autres un correspondant en poste à Paris, en mal de scoops et d'argent; une DRH chargée du licenciement, et qui se retrouve dans un avion avec un de ceux qu'elle a virés; ; un pigiste en poste au Caire qui se fait pigeonner par un journaliste plus expérimenté mais surtout baratineur; un rédacteur de nécrologies, victime d'un horrible drame personnel qui va contre toute attente donner un fulgurant coup de pouce à sa carrière; un directeur de la publication qui répond aux abonnés absents; une lectrice assidue qui, à vouloir lire chaque page en intégralité, a environ quinze ans de retard sur l'actualité...
En bref, ces journalistes sont incompétents, et c'est cela qui les rend attachants. L'auteur nous les montre tels qu'ils sont vraiment: des hommes et des femmes, avec des boires et surtout des déboires professionnels et affectifs.
 
Entre deux chapitres, Tom Rachman nous raconte une autre histoire: celle de la création du journal par Cyrus Ott, riche industriel. Son entourage croit que ce journal n'est qu'une passade, mais au fond tous ignorent les vraies raisons qui l'ont poussé à le fonder. On suit l'évolution de ce quotidien sur une cinquantaine d'années, de son inauguration à sa fermeture définitive.
 
Car c'est là l'autre aspect du roman: le récit de la chute d'un journal. En effet, comment pourrait-il résister quand il refuse totalement la modernité? Textes en noir et blanc (car mettre de la couleur serait faire une entorse à la version d'origine), refus d'avoir un site internet, font que les ventes chutent et que le journal agonise lentement, passant des restrictions budgétaires aux licenciements, pour finir par la fermeture.
 
La critique du monde du journalisme est assez acide, et c'est aussi ce qui m'a plu. Je craignais de m'ennuyer, car c'est un univers qui ne m'attire pas particulièrement, mais les situations sont loufoques et bien décrites. Il y a de l'humour, de la tendresse, de l'humanisme, et du cynisme aussi... Bref c'est toute une palette de sentiments qui se déploie ici, au milieu de cette vision pas forcément tendre du monde du travail.


lecture agréable
   
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mercredi 16 mai 2012

Si c'était à refaire

Imaginez que vous ayez l'occasion de revenir dans le passé, de pouvoir modifier votre avenir... C'est le thème de Si c'était à refaire, le dernier roman de Marc Lévy. 
 
Lors de son jogging matinal, Andrew Stilman, grand reporter au New York Times, sent une douleur fulgurante lui transpercer le dos: il vient de se faire assassiner. Il reprend conscience quelques minutes plus tard, pour s'apercevoir qu'il est revenu deux mois en arrière. S'engage alors une course contre la montre: il n'a que soixante jours pour comprendre qui veut attenter à sa vie, et pourquoi. 

En effet, qui aurait intérêt à tuer Andrew? Sa femme, qu'il abandonne le soir même de leur mariage, car il a eu un coup de foudre pour une autre? Son collègue de travail, jaloux de son succès? Ou encore les personnes qu'il a interrogées dans le cadre d'un article lors de son séjour en Argentine?
 
Le voyage temporel est un thème qui a maintes fois été traité, et on ne peut pas dire que Marc Lévy apporte un éclairage nouveau sur le sujet. Cependant, il donne une petite touche de fantastique à un roman que j'ai parfois trouvé un peu noir. L'auteur nous entraîne ici dans la réalité historique de la dictature argentine: massacres, scènes de torture, souvenirs douloureux et enlèvement d'enfants... Un sujet très dur, mais qui donne du corps au récit.

Seul bémol: la fin. Malgré les différentes pistes que l'auteur nous donne à suivre, elle est prévisible une fois que l'on a rassemblé les indices disséminés tout au long du récit. Pourtant, ce n'est pas tant cela qui m'a dérangée, que les toutes dernières phrases du roman. J'avoue avoir pensé: tout ça pour ça?
Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec le dernier Guillaume Musso: s'agit-il là aussi d'une fin ouverte appelant une suite, ou bien étaient-ils tous deux en panne d'inspiration?
 
Je n'avais pas relu de livre de Marc Lévy depuis Le voleur d'ombres, j'ai donc été ravie de retrouver son style: c'est facile à lire, il y a de l'action, de l'humour, et j'ai beaucoup aimé les allusions à certains personnages de ses anciens romans. Il est difficile de reposer ce livre une fois qu'on l'a commencé, tant on veut savoir qui peut bien en vouloir à la vie d'Andrew.

En bref, un bon moment de lecture, malgré une fin un peu abrupte.
 
 
lecture agréable
 
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mercredi 9 mai 2012

7 ans après...

Comme chaque année, je l'attendais, le nouveau Musso... Et une fois n'est pas coutume, il m'a déçue. Ce n'est pas que c'est un mauvais roman, loin de là, j'avoue même qu'une fois que je l'ai commencé, j'ai eu du mal à le lâcher. Cependant, il lui manque ce petit quelque chose qui faisait tout le charme de ses autres livres. 
 
Sebastian et Nikki se sont passionnément aimés. Ils ont eu des jumeaux, Camille et Jeremy. Désormais divorcés, ils se partagent la garde de leurs enfants: Camille vit avec Sebastian, Jeremy avec Nikki. Mais voilà que sept ans après leur séparation, la disparition soudaine de Jeremy va de nouveau les réunir... 

Les personnages auraient pu être bien plus attachants s'ils n'étaient pas aussi caricaturaux: la vie de Sebastian est réglée comme du papier à musique, l'éducation qu'il donne à sa fille est on ne peut plus conventionnelle, il est tellement rigide qu'il donne l'impression de ne pas savoir lâcher prise. Nikki, elle, est plutôt bohème, passant d'une conquête à une autre, et laissant son fils libre de toute règle, afin qu'il fasse ses propres expériences.

L'un comme l'autre ont très peu de contacts avec le jumeau dont ils n'ont pas la garde: Sebastian a du mal à aimer ce fils qui lui rappelle trop sa femme, et Nikki se sent inférieure à sa fille qu'elle juge très brillante.
Il est bien connu que les contraires s'attirent, mais là on se demande comment ces deux-là en sont arrivés à s'aimer et à se marier...
 
Le récit en lui-même n'est pas mauvais, les rebondissements sont nombreux et s'enchaînent facilement. Peut-être même un peu trop. Tout semble facile, Sebastian et Nikki décodent tous les indices, ils se déjouent des pièges tendus par la police, tout le monde croit leur histoire quand bien même les apparences sont contre eux...
 
En fait, le vrai point faible de ce livre, c'est la fin. Personnellement, je n'aime pas les livres qui se finissent en "eau de boudin", comme c'est le cas ici. La conclusion de l'histoire tient en deux ou trois pages, ce qui me laisse entrevoir deux solutions: soit Guillaume Musso, en panne d'inspiration, n'a pas su comment finir son roman, et a bâclé la fin; soit il s'agit d'une fin ouverte laissant présager une suite.
De même, qu'en est-il de certains personnages du livre? Pour ma part, j'aurais aimé savoir ce qu'il advenait de Constance...
 
Guillaume Musso semble avoir décidé de continuer sur la voie du polar, qu'il avait abordée dans L'appel de l'ange. Personnellement, je trouve cela dommage, car ce n'est pas vraiment ce que j'attends de ses livres. Certes, c'est un agréable moment de lecture, mais il y manque cette petite pointe de fantastique qui faisait le "style Musso" et rendait plus qu'appréciables ses anciens romans.
 
lecture sympa, sans plus
 
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