dimanche 18 août 2013

Accords imparfaits

Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis... C'est un peu ainsi que l'on pourrait résumer cette jolie romance signée Rose Darcy...

Entre Derrick et Laura, ça fait des étincelles. Bien qu'ils soient colocataires, vivre ensemble n'est pas simple: incapables de communiquer, tous leurs échanges virent immanquablement à l'orage... 
Mais ne dit-on pas justement que l'amour est proche de la haine? Même s'ils savent qu'ils sont faits l'un pour l'autre, sauront-ils passer outre les disputes pour apprendre à s'entendre?

Je lis très peu de romances, car j'ai toujours très peur de tomber sur une histoire gnan gnan, avec une avalanche de sentiments guimauve, des personnages ultra stéréotypés, et tout ce qui va avec.
Et pourtant, quand les Editions Artalys m'ont proposé ce livre en avant première, je n'ai pas hésité: la couverture magnifique et le résumé m'ont de suite donné envie de me plonger dans cette histoire. Bien m'en a pris, car j'ai juste adoré!

Dès leur première rencontre, c'est le clash entre Derrick et Laura: leur attirance est immédiate, bien que cachée sous des réparties cinglantes. Dès qu'ils sont ensemble, c'est la dispute assurée.
Ce que j'aime, c'est qu'on entre direct dans le vif du sujet. Les personnages nous sont présentés juste avant que le roman ne commence, via un petit portrait personnalisé. Pas de perte de temps, et on a les infos principales en main de suite: j'adhère!
On est plongé immédiatement dans l'ambiance: les coups bas pleuvent dès le début, bien qu'on sente une attirance sous-jacente entre Derrick et Laura. Mais, blessés dans leur fierté, ils refusent d'admettre qu'ils sont faits l'un pour l'autre: comment cela pourrait-il être possible alors qu'ils supportent à peine d'être dans la même pièce?

Je me suis complètement attachée aux personnages, et j'ai adoré suivre leur histoire. Ils s'aiment, ça crève les yeux, et il n'y a qu'eux pour ne pas s'en apercevoir.
Entre eux, c'est un jeu du chat et de la souris, une sorte de je t'aime, moi non plus.

Derrick vit avec la peur d'aimer et de souffrir chevillée au corps: il a peur de perdre l'amitié de Laura si jamais leur histoire était vouée à l'échec, peur de la perdre elle... Malgré l'attirance qu'il ressent pour Laura dès la première page, il préfère fuir ses sentiments et s'en faire une ennemie.
Laura est également attirée par Derrick dès le début, et pourtant l'attitude de ce dernier va lui valoir de subir ses foudres: la guerre est déclarée!
On peut presque dire que leur animosité est basée sur un quiproquo: ils se plaisent mais sont trop fiers pour l'admettre, et préfèrent se disputer plutôt que de se l'avouer...

On suit donc l'évolution de leur relation durant environ quatre ou cinq ans, passant du stade d'ennemis à celui d'amis. Le chemin est long, mais peu à peu un climat de confiance s'installe entre eux.
Leur relation se transforme petit à petit, et il leur faudra bien des épreuves pour réussir à surmonter les obstacles qu'ils ont eux-mêmes dressés sur leur chemin, mais c'est un vrai plaisir que de suivre cette histoire d'amour moderne.

Bien évidemment, la fin est heureuse, comme dans toute romance qui se respecte, mais elle réserve aussi son lot de jolies surprises, dont je ne dirai rien ^^
Je peux juste dire qu'à l'image du reste du roman, elle a contenté mon cœur de midinette, et je me suis (re)découverte incurable romantique à la lecture de cette très belle histoire.

coup de cœur!

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vendredi 16 août 2013

Addict

J'ai choisi ce livre à cause de son sujet, que je trouve plutôt d'actualité: la télé-réalité et ses dérives.

Vee, dix-sept ans, subit l'étroite surveillance de ses parents depuis qu'ils l'ont retrouvée endormie au volant de sa voiture, dans le garage fermé et le moteur allumé. Elle a beau plaider l'accident, rien n'y fait, et ses seules sorties sont pour remplir son rôle de maquilleuse dans la production théâtrale de son lycée. 
Mais voilà qu'un nouveau jeu de télé-réalité un peu trash fait son apparition sur la toile: ADDICT... Vee décide de tenter sa chance en relevant un des défis proposés, afin de se prouver à elle-même qu'elle est plus que le faire-valoir de sa meilleure amie. Et là, surprise: elle est sélectionnée.
Vee décide donc de continuer à jouer le jeu, afin de se sentir enfin vivante et de continuer à recevoir des cadeaux de plus en plus luxueux... Mais voilà: jusqu'où est-elle prête à aller?

Que dire sur ce livre, si ce n'est que l'ai trouvé glauque et malsain?
Dès les premières pages, j'ai ressenti comme un malaise, qui n'a fait qu'aller grandissant au fur et à mesure que je tournais les pages. J'ai failli arrêter ma lecture, mais je voulais savoir comment tout cela allait se terminer, j'ai donc continué, et je ne vous dit pas combien mon soulagement a été grand quand je suis arrivée à la dernière page.

Le style est percutant, suffisamment habile pour nous donner envie de tourner les pages et de savoir ce qui se cache derrière, donc oui quelque part la mission est réussie puisque j'étais suffisamment "addict" pour vouloir continuer ma lecture. Mais il y a trop de points négatifs qui gâchent le tout.

Déjà, je ne me suis pas attachée aux personnages.
Vee m'a paru fade, fragile, trop indécise. Elle veut tenter sa chance à ADDICT juste pour se prouver qu'elle en est capable, mais en même temps se demande si elle ne fait pas une erreur: je veux, je veux pas, j'ai trouvé ça agaçant. Sa futilité m'a énervée aussi: il suffit d'une paire d'escarpins pour qu'elle oublie ses bonnes résolutions.
Plus d'une fois j'ai eu envie de lui dire "mais arrête, tu vas tout foutre en l'air!", plus d'une fois je me suis dit "elle va être raisonnable et s'arrêter", mais non: Vee est sur une pente glissante, sur le point de tout perdre, mais ne s'en aperçoit pas... Ajoutez à cela un partenaire très mignon, et la voilà partie pour enchaîner les défis...

En ce qui concerne justement ce fameux partenaire, Ian, j'avoue que je ne savais pas quoi penser de lui. Est-il du côté de Vee, ou du côté d'ADDICT? Sa façon de pousser Vee à aller de l'avant m'a paru suspecte, et j'ai douté de lui jusqu'à la fin.
Quant aux amis de Vee, ils m'ont paru aussi frivoles qu'elle, de sa meilleure amie à qui tout réussit, à l'ami secrètement amoureux d'elle...

J'ai trouvé le jeu ADDICT particulièrement retors, mais aussi très malin. Les organisateurs connaissent les points faibles des candidats, et n'hésitent pas à les exploiter. Ils connaissent leurs goûts, font appel à leurs amis afin d'obtenir plus d'informations, et n'hésitent pas à couper les joueurs de leurs proches. Tout est fait pour garder la mainmise eux.
Vee doit en effet télécharger l'application du jeu sur son portable afin d'envoyer les vidéos de ses défis aux organisateurs, et ceux-ci utilisent son téléphone à leur guise, allant jusqu'à bloquer ses appels. Je les ai trouvés envahissants, leur omniprésence est malsaine.

Les défis proposés vont crescendo dans le glauque et le danger. Si le premier défi de Vee consiste à se verser un verre d'eau sur la tête, elle doit ensuite faire le tapin dans un quartier mal famé, et ainsi de suite... Mais il faut bien que ce soit à la hauteur des cadeaux proposés: on commence par une paire d'escarpins de créateur, pour finir par le cadeau final qui comblerait Vee au delà de ses espérances...
ADDICT sait toujours ce qui ferait plaisir à ses candidats, et est ainsi quasiment sûr de les voir continuer l'aventure.
Mais bon, personnellement, faire le tapin pour avoir un téléphone, euh pas sûr que j'y aille!

Mon dernier souci, c'est le défi final. C'était tellement gros que j'ai eu du mal à y croire. Le pire, c'est que personne ne semble s'inquiéter: que ce soit les familles ou autres, même les observateurs qui suivent le jeu de près, personne ne semble vouloir se plaindre d'ADDICT. Personnellement, j'apprends que ma fille participe à un jeu de ce genre, mais je deviens folle! ^^

Et que dire du chapitre d'introduction: que vient faire la pauvre Abigail là-dedans? J'ai trouvé ce passage sous exploité, et c'est dommage, car il y aurait eu un parallèle très intéressant à faire entre elle et Vee, ainsi qu'une critique des spectateurs de ce genre de programme de télé-réalité...

Par contre j'ai aimé la toute fin du livre: il y a ce tout dernier petit évènement qui nous fait comprendre que rien n'est vraiment fini, et qu'ADDICT a encore de beaux jours devant lui. Pour une fois, j'ai aimé que ce soit une fin ouverte, je l'ai trouvée utile et bien exploitée.

Alors oui, ce livre critique la télé-réalité, ses fantasmes, son voyeurisme, ses pseudo-stars, mais je pense qu'il y avait d'autres moyens d'arriver au même résultat.
 
lecture décevante

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lundi 12 août 2013

Rome, tome 1 - La Maîtresse de Rome

Après avoir lu les avis plus que positifs de Cajou et de Bouchon des Bois, je n'avais qu'une envie: lire à mon tour La Maîtresse de Rome afin de me faire ma propre opinion! Et pourtant, c'est avec une pointe d'appréhension que je l'ai commencé, car quand il y a autant d'avis positifs, en général je suis la seule à ne pas aimer: pour preuve, mon avis plutôt mitigé sur Hunger Games ou encore La sélection... ^^
Mais fort heureusement pour moi, même si ce roman ne se déroule pas tout à fait comme je me l'étais imaginé, ça ne l'a pas empêché d'être un énorme coup de cœur!

Thea, jeune fille juive, est l'esclave de Dame Lepida Pollia, dont le père organise les jeux du cirque pour le compte de l'empereur Domitien. 
Soumise aux caprices de son arrogante maîtresse, c'est dans les bras du gladiateur Arius le Barbare, la nouvelle coqueluche de Rome, que Thea connaît pour la première fois le bonheur. Lepida, jalouse, va tout faire les séparer.
Mais elle ne sera pas le seul obstacle sur leur route: Thea, grâce à ses dons de musicienne, se fait bientôt remarquer par l'aristocratie romaine, mais surtout par l'empereur, un homme cruel qui fera d'elle sa favorite et sa maîtresse.
Parvenue aux plus hauts sommets, Thea fera tout pour protéger son amour secret pour Arius...

Eh bien, quel roman! Intense, poignant, violent, j'ai eu énormément de mal à le lâcher, et j'attendais avec impatience la moindre occasion de pouvoir l'ouvrir.
Les rebondissements s'enchaînent, le récit est rythmé et sans temps morts, on a à peine le temps de reprendre son souffle que déjà l'intrigue repart de plus belle. De ce fait, les pages se tournent toutes seules, et je n'ai pas vu passer le temps.
Le style fluide de l'auteur et ses descriptions très riches en détails contribuent également à la réussite du récit. On sent que Kate Quinn s'est documentée et qu'elle maîtrise parfaitement son sujet. Personnages historiques et fictifs se côtoient pour notre plus grande joie, et j'avoue n'en avoir rien eu à faire de la réalité historique: respectée ou pas, peu importe, tellement j'ai passé un bon moment ^^

Je me suis beaucoup attachée aux personnages, et j'ai adoré détester les méchants.
J'ai ressenti beaucoup d'émotions différentes avec le personnage de Thea: j'ai souffert avec elle, sa relation avec Arius m'a rendue heureuse, bref j'ai vécu ses aventures à 100% à ses côtés. C'est un personnage très fort, je me suis d'ailleurs demandé comment elle réussissait à se relever à chaque épreuve qu'elle traversait. A sa place, j'aurais certainement baissé les bras!
J'ai également beaucoup aimé le personnage de Lepida: réussir un méchant n'est pas évident, et là elle est juste parfaite! Belle, arrogante, orgueilleuse, arriviste, sublime, manipulatrice, cruelle, perverse, les mots me manquent pour décrire cette vipère. Et quelle fin pour elle! Je trouve que tout n'est que mérité ^^
Quant à Domitien et Arius, leur rivalité m'a comblée. Chacun occupe une part importante du récit, et leur relation m'a rappelée celle de Maximus et Commode du film Gladiator...

Ce qui est sûr, c'est que ce livre prouve bien à quel point les esclaves ne sont rien: Lepida n'hésite pas à malmener et à battre ses serviteurs, Domitien considère Thea comme un bel objet qu'il peut exposer... C'est à peine si on les traite comme des êtres humains!

La Rome sanglante qui est décrite dans ces pages, les orgies, les jeux, les banquets, m'ont donné l'impression de revoir certaines scènes de la série Spartacus, sur laquelle j'étais tombée par hasard un soir: Lepida me rappelait Lucretia, jouée par Lucy Lawless: toutes deux sont aussi belles qu'arrogantes, sûres d'elles et de leur charme... Je trouve même qu'Arius a ce petit côté sombre et barbare de Spartacus ^^ Bref, j'ai adoré cette atmosphère!

En fait, je crois que je peux dire que j'ai tout aimé dans ce roman. La fin est certes un peu facile, mais ça ne m'a pas dérangée: on peut y voir une fin en soi et s'arrêter à ce tome, puisque les aventures de Thea et Arius sont terminées.
Mais pour ma part je suis très heureuse de savoir que je pourrai suivre les aventures de la génération suivante, en la personne de Vix et Sabine, et c'est avec très grand plaisir que je lirai L'impératrice des sept collines, qui me paraît tout aussi prometteur.


coup de cœur!


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Mon avis sur les autres tomes:
Tome 2 - L'Impératrice des sept collines 
Tome 3 - Les Héritières de Rome

mercredi 7 août 2013

Le Mage de la Montagne d'Or

Une fois encore, je tiens à remercier les Editions Artalys pour leur confiance, et pour cette nouvelle lecture.

Le mage Wärsani se présente à la cour d'Yssourak, souverain du royaume du Tourpana, et enlève sa favorite. Quelques jours plus tard, une jeune femme d'une beauté à couper le souffle se présente à son tour, afin de prévenir Yssourak qu'un grand malheur, causé par Wärsani, se prépare à frapper son royaume.

La jeune femme se nomme Astarya, elle est la fille du mage, et elle prétend vouloir protéger le Tourpana. Mais si l'offre est alléchante, Yssourak peut-il vraiment se fier à elle? Est-elle vraiment leur alliée, ou se prépare-t-elle au contraire à livrer le royaume à son père?

Ce roman a été une lecture sympa, et pourtant il m'aura fallu un mois pour en venir à bout. J'ai même failli le poser pour de bon à plusieurs reprises, mais je me suis accrochée: j'ai toujours du mal à abandonner un roman, car l'auteur se donne du mal et croit à son histoire, et le moins que je puisse faire c'est de respecter son œuvre, et tenter de la lire jusqu'au bout. Je pense que je suis malheureusement passée totalement à côté de l'histoire, le voyage au Tourpana s'est hélas déroulé sans moi...

Ce livre a pourtant beaucoup à offrir: de l'exotisme (au tout début, ce livre m'a même fait penser à un conte oriental, style Les mille et une nuits ^^), des personnages complexes et bien travaillés, une histoire pleine de rebondissements, mais je ne sais pas, je n'ai pas accroché...

J'ai déjà eu du mal à entrer dans l'histoire. J'étais un peu perdue entre les différents personnages (peut-être est-ce dû à l'originalité des noms?) et j'avoue qu'un petit récapitulatif aurait été le bienvenu, ainsi qu'une carte du monde crée par l'auteur. J'ai eu un peu de mal à me l'imaginer, et le voir couché sur papier m'aurait sans doute aidée à en prendre plus exactement la mesure...
En fait, je n'ai commencé à accrocher qu'au moment où Kanashka réussit à s'enfuir de la montagne... J'ai eu l'impression que l'histoire débutait vraiment à partir de ce moment-là, et j'ai eu moins de difficultés à suivre les aventures des personnages.

Le style de l'auteur est pourtant fluide et facile à lire. Je pense honnêtement que ce livre aurait pu être un très bon page turner s'il n'y avait parfois quelques maladresses et des dialogues un peu lourds.

Ce que j'ai apprécié par-dessus tout, c'est l'apparente facilité avec laquelle Alexandre Lévine a réussi à forger son monde de toutes pièces. On pourrait presque croire que le Tourpana existe, caché quelque part au fin fond d'un désert, oublié des cartes et des étrangers...
J'ai aimé sa façon de réécrire la mythologie (pour ma part, j'y ai vu un joli clin d’œil à Zeus et aux Titans), pour mieux se l'approprier et créer sa propre Olympe.

J'ai également eu du mal à m'attacher aux personnages. Je n'ai pas apprécié Kanashka, je l'ai trouvée trop égoïste, et bien sûr j'ai détesté Wärsani, comme tout bon méchant qui se respecte!
Seule Astarya a réussi à m'émouvoir, même si je n'ai pas forcément été convaincue par ses pouvoirs de métamorphose: il y en avait trop à mon goût! Je sais en tout cas qu'à sa place je ne me sentirais à ma place nulle part, tout comme elle en fait!
Un petit mot sur la fin: j'avoue qu'elle m'a frustrée! Faire subir un tel sort à Astarya, j'ai trouvé cela injuste et cruel, un vrai crève-cœur...

En bref, il s'agit là d'un bon roman, qui ne m'a hélas pas fait voyager, et qui à mon sens ne tient pas toutes ses promesses: dommage, car l'idée de départ était très bonne!

lecture sympa, mais...

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dimanche 4 août 2013

Le diable danse à Bleeding Heart Square

J'ai craqué sur ce livre à cause de son titre intrigant, sa couverture à l'esthétisme soigné, et son résumé accrocheur. J'aime les polars, j'aime le genre d'atmosphère qui se dégage de ce roman, et pourtant...

A la suite d'une dispute, Lydia Langstone quitte son mari, un homme violent et colérique. Elle trouve refuge chez son père à Bleeding Heart Square, un quartier sombre et pauvre, à l'image de son nom.
Ils habitent désormais tous deux dans une maison ayant appartenu à Miss Penhow, portée disparue. Son successeur, Joseph Serridge, est un homme on ne peut plus inquiétant.
Et que dire de l'homme qui surveille sans arrêt la maison et qui semble porter à Serridge une attention toute particulière, de l'enquête qui tourne autour de la disparition de Miss Penhow, et de ces morceaux de cœur que Serridge reçoit régulièrement par la poste...

C'est dans ce contexte un peu sombre et morbide que se déroule donc l'intrigue de ce roman. L'ambiance qui se dégage de ces pages m'a beaucoup plu, et n'est pas sans me rappeler les romans de Wilkie Collins. L'enquête qui se déroule afin de découvrir ce qui est arrivé à Miss Penhow est prenante, et je me suis volontiers laissée prendre au jeu.
L'auteur nous lance sur beaucoup de pistes, qui m'ont conduite à soupçonner tour à tour chacun des personnages. J'ai bien eu une vague idée de ce qui était arrivé à Miss Penhow, mais au final j'étais encore loin du compte, et la révélation finale m'a laissée bouche bée.

J'ai beaucoup apprécié le choix d'Andrew Taylor de faire alterner les points de vue tout au long du livre. Chaque chapitre débute avec un extrait du journal de Philippa Penhow, puis nous revenons ensuite à l'histoire et au temps présent. Le journal nous permet de suivre l'évolution des relations entre Miss Penhow et Serridge, dont elle a eu le malheur de s'enticher, jusqu'à la révélation finale, et de comprendre bien des choses, notamment sur la signification des cœurs.

J'ai également apprécié la légende à l'origine du nom de Bleeding Heart Square, sorte de conte tragique à la limite de la légende urbaine: une femme a dansé toute la nuit lors d'un bal avec un homme que l'on suppose être le diable, et au matin tout ce que l'on a retrouvé d'elle a été son cœur... Ajoutez à cela les cœurs reçus par la poste, et vous aurez une idée de la gaieté de l'endroit ^^

Par contre, mis à part Rory Wentwood et Lydia, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages. Le capitaine Ingleby-Lewis, père de Lydia, n'est qu'un pauvre ivrogne sans le sou; M. Fimberry m'a fait l'effet d'être un pervers qui cherche à tout prix à s'attirer les faveurs de Lydia; Mme Renton n'aime personne et M. Serridge m'est tout simplement antipathique.
Quant à Miss Penhow,  ce que j'en ai vu me laisse à penser qu'elle n'est qu'une pauvre vieille fille qui a eu l'illusion de vivre un conte de fées malgré son âge avancé. Elle a été victime de sa grande naïveté, et d'un homme qui a abusé de sa confiance alors qu'il ne la méritait absolument pas.

Ce livre montre bien que les apparences sont souvent trompeuses. Lydia, qui au début semble une femme de la haute société londonienne parmi d'autres, se révèle au final très courageuse et intelligente, prête à vivre sa vie en toute indépendance malgré les difficultés que cela représente.
Marcus, sous ses dehors d'homme du monde, n'est qu'une sorte de gamin capricieux et vulgaire, qui exige que l'on se plie à ses désirs.

Au fur et à mesure que se déroule l'histoire, on comprend que tous les personnages sont liés de près ou de loin, et que celui qui est au centre de tout est Joseph Serridge. Mais c'est un peu trop poussé à l'extrême à mon goût, et à force de vouloir trouver des liens entre tout le monde, ça en devient un peu gros.

De même, la fin ne m'a pas satisfaite. Que voulez-vous, j'aime quand l'histoire se finit vraiment, les fins ouvertes me laissent généralement frustrée, sauf si bien sûr je sais qu'elles ouvrent sur une suite, ou si elles apportent une quelconque utilité à l'histoire, ce qui n'est pas vraiment le cas ici.
De plus, je l'ai trouvée un peu trop brouillonne. Tout ça m'a semblé tomber comme un cheveu sur la soupe, comme si Andrew Taylor n'avait pas vraiment su comment finir son roman, ce qui ne m'a pas convaincue. C'est vraiment dommage, car jusque là j'avais passé un très bon moment.

lecture sympa, mais...

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