J'ai craqué sur ce livre à cause de son titre intrigant, sa couverture à l'esthétisme soigné, et son résumé accrocheur. J'aime les polars, j'aime le genre d'atmosphère qui se dégage de ce roman, et pourtant...
A la suite d'une dispute, Lydia Langstone quitte son mari, un homme violent et colérique. Elle trouve refuge chez son père à Bleeding Heart Square, un quartier sombre et pauvre, à l'image de son nom.
Ils habitent désormais tous deux dans une maison ayant appartenu à Miss Penhow, portée disparue. Son successeur, Joseph Serridge, est un homme on ne peut plus inquiétant.
Et que dire de l'homme qui surveille sans arrêt la maison et qui semble porter à Serridge une attention toute particulière, de l'enquête qui tourne autour de la disparition de Miss Penhow, et de ces morceaux de cœur que Serridge reçoit régulièrement par la poste...
C'est dans ce contexte un peu sombre et morbide que se déroule donc l'intrigue de ce roman. L'ambiance qui se dégage de ces pages m'a beaucoup plu, et n'est pas sans me rappeler les romans de Wilkie Collins. L'enquête qui se déroule afin de découvrir ce qui est arrivé à Miss Penhow est prenante, et je me suis volontiers laissée prendre au jeu.
L'auteur nous lance sur beaucoup de pistes, qui m'ont conduite à soupçonner tour à tour chacun des personnages. J'ai bien eu une vague idée de ce qui était arrivé à Miss Penhow, mais au final j'étais encore loin du compte, et la révélation finale m'a laissée bouche bée.
J'ai beaucoup apprécié le choix d'Andrew Taylor de faire alterner les points de vue tout au long du livre. Chaque chapitre débute avec un extrait du journal de Philippa Penhow, puis nous revenons ensuite à l'histoire et au temps présent. Le journal nous permet de suivre l'évolution des relations entre Miss Penhow et Serridge, dont elle a eu le malheur de s'enticher, jusqu'à la révélation finale, et de comprendre bien des choses, notamment sur la signification des cœurs.
J'ai également apprécié la légende à l'origine du nom de Bleeding Heart Square, sorte de conte tragique à la limite de la légende urbaine: une femme a dansé toute la nuit lors d'un bal avec un homme que l'on suppose être le diable, et au matin tout ce que l'on a retrouvé d'elle a été son cœur... Ajoutez à cela les cœurs reçus par la poste, et vous aurez une idée de la gaieté de l'endroit ^^
Par contre, mis à part Rory Wentwood et Lydia, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages. Le capitaine Ingleby-Lewis, père de Lydia, n'est qu'un pauvre ivrogne sans le sou; M. Fimberry m'a fait l'effet d'être un pervers qui cherche à tout prix à s'attirer les faveurs de Lydia; Mme Renton n'aime personne et M. Serridge m'est tout simplement antipathique.
Quant à Miss Penhow, ce que j'en ai vu me laisse à penser qu'elle n'est qu'une pauvre vieille fille qui a eu l'illusion de vivre un conte de fées malgré son âge avancé. Elle a été victime de sa grande naïveté, et d'un homme qui a abusé de sa confiance alors qu'il ne la méritait absolument pas.
Ce livre montre bien que les apparences sont souvent trompeuses. Lydia, qui au début semble une femme de la haute société londonienne parmi d'autres, se révèle au final très courageuse et intelligente, prête à vivre sa vie en toute indépendance malgré les difficultés que cela représente.
Marcus, sous ses dehors d'homme du monde, n'est qu'une sorte de gamin capricieux et vulgaire, qui exige que l'on se plie à ses désirs.
Au fur et à mesure que se déroule l'histoire, on comprend que tous les personnages sont liés de près ou de loin, et que celui qui est au centre de tout est Joseph Serridge. Mais c'est un peu trop poussé à l'extrême à mon goût, et à force de vouloir trouver des liens entre tout le monde, ça en devient un peu gros.
De même, la fin ne m'a pas satisfaite. Que voulez-vous, j'aime quand l'histoire se finit vraiment, les fins ouvertes me laissent généralement frustrée, sauf si bien sûr je sais qu'elles ouvrent sur une suite, ou si elles apportent une quelconque utilité à l'histoire, ce qui n'est pas vraiment le cas ici.
De plus, je l'ai trouvée un peu trop brouillonne. Tout ça m'a semblé tomber comme un cheveu sur la soupe, comme si Andrew Taylor n'avait pas vraiment su comment finir son roman, ce qui ne m'a pas convaincue. C'est vraiment dommage, car jusque là j'avais passé un très bon moment.
lecture sympa, mais...
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