jeudi 25 juillet 2013

La Religion

Voici un livre que j'ai laissé traîner dans ma PAL pendant plus d'un an, alors qu'à la base son thème (Malte et ses chevaliers)  et son résumé me faisaient baver d'envie. Seulement voilà, 950 pages et quelques avis négatifs font que je l'avais relégué au fond d'une étagère, avant de finalement me décider à l'en sortir, et heureusement, car ça a été une lecture plutôt plaisante.

Malte, 1565. Le sultan Soliman le Magnifique a décidé de déclarer la guerre à ses ennemis jurés, les chevaliers de l'ordre de Malte. Guerriers aguerris, ceux-ci se préparent à recevoir l'assaut. Proches des Templiers, on les connaît aussi sous le nom de "La Religion".
C'est le début d'un siège formidable, dur et sanglant. Chrétiens et musulmans s'affrontent pour le contrôle de l'île, chacun persuadé que sa foi et son dieu lui apporteront la victoire.
Mattias Tannhauser, ancien janissaire, commerçant d'opium, d'armes et d'épices, et mercenaire, accepte pour les beaux yeux d'une comtesse française de se joindre à la bataille. Pour mener à bien sa quête, il lui faudra louvoyer entre deux mondes, nouer des alliances, et déjouer intrigues et complots...

La Religion est un livre très plaisant, mais aussi très dense, dans lequel il n'est pas facile de s'immerger, surtout au début. On est de suite plongé dans l'ambiance, Tim Willocks donne le ton dès les premières pages, avec le massacre de la mère et des sœurs de Tannhauser. Celui qui se destinait au métier de forgeron deviendra sous l'égide turque Ibrahim le Rouge, janissaire féroce et membre de la garde personnelle du Sultan.

Car il ne faut pas s'y tromper, La Religion est un livre de guerre. Le siège de Malte y est décrit avec force détails, on assiste aux batailles, aux conseils de guerre, et rien ne nous est épargné. Je déconseille d'ailleurs ce livre aux âmes sensibles, car on trouve au fil des pages beaucoup de sang, d'estropiés, de tripaille et autres joyeusetés...

C'est aussi un livre qui offre un éclairage avisé de la religion: sous ce nom, les hommes peuvent commettre bien des folies... Chaque camp voit dans l'autre l'armée des infidèles, chacun est persuadé de défendre la seule et unique vraie religion, chacun voit dans l'autre des sous-hommes juste bons à abattre: chiens de musulmans contre chiens de chrétiens... Drapeau du Baptiste contre bannières brodées de sourates du Coran... On voudrait que cette guerre soit perçue presque comme une guerre sainte, mais au final elle reste absurde et sale comme n'importe quelle autre guerre, avec ses morts, ses blessés, ses héros...

J'ignore si ce qu'écrit Tim Willocks est empreint ou non de vérité historique, mais à vrai dire il m'importe peu, car c'est tellement bien écrit et réaliste que cela m'a suffi.

J'ai apprécié le personnage de Tannhauser, toujours à naviguer entre deux mondes, n'ayant pas vraiment sa place nulle part, plus tout à fait allemand mais pas vraiment turc non plus. J'ai aimé son côté sombre, calculateur, à l'aise aussi bien parmi les janissaires que parmi les chevaliers.
Certains diront que c'est un traître, moi je dis qu'il a su retourner la situation en sa faveur et exploiter toutes les ressources en sa possession. Il n'hésite pas à trahir les turcs en donnant des informations sur leur armée à La Vallette, le Grand Maître de la Religion. Il profitera aussi de ses relations avec les musulmans pour commercer avec eux et agrandir sa fortune: n'oublions pas que c'est la guerre, et qu'elle permet souvent à bien des hommes de s'enrichir...

J'ai également aimé le personnage haut en couleurs de Bors, l'ami anglais de Tannhauser.
J'ai moins apprécié Carla, je l'ai trouvée un peu trop indécise, pas assez sûre d'elle. Il lui faudra vivre la guerre pour enfin trouver sa voie, et comprendre ce qu'elle attend de la vie.
J'ai bien sûr adoré détester le méchant de l'histoire: l'inquisiteur Ludovico Ludovici, et son âme damnée Anacleto: un homme torturé, cruel, presque rendu fou car déchiré entre sa foi et son amour charnel pour Carla.

Apparemment, La Religion ne serait que le premier tome d'une trilogie consacrée à Mattias Tannhauser, mais s'il semblerait que le deuxième  tome soit sorti en Angleterre, pour l'instant je n'ai rien entendu qui laisse présager une traduction en France.
En même temps, la fin du livre laisse entendre que les aventures de Tannhauser s'arrêtent là, à la fin du siège de Malte. Mais une autre lecture est également possible, qui peut laisser entendre que l'on suivra Mattias et Carla dans d'autres aventures...

Je ne sais pas encore si je lirais cette suite, non pas que je n'ai pas aimé ce tome, bien au contraire! Mais il m'a fallu 3 bonnes semaines pour en venir à bout, tellement le récit est dense.
Le style de Tim Willocks est pourtant relativement simple, mais il se passe tellement de choses, il y a tant d'informations à retenir que ce n'est pas le genre de livre où l'on peut engloutir 400 pages d'affilée. Il m'a fallu faire des pauses régulièrement, et même lire d'autres choses en parallèle, car les nombreuses batailles, scènes de torture et de mort, et autres retournements de situation auraient fini par me paraître indigestes.

Au final, c'est un livre que j'ai fortement apprécié, et ce malgré les nombreuses scènes un peu sanglantes que l'on y retrouve régulièrement. Pour autant, je ne suis pas sûre de lire la suite, surtout si elle est aussi dense et sombre que celui-ci... A voir!

lecture agréable

Logo Livraddict

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire