Un cœur sombre

Comme chaque année, Léa nous a concocté le "Mois R.J. Ellory". Ayant son petit dernier dans ma liseuse, je ne pouvais pas passer à côté de cet évènement...

Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd’hui, il a touché le fond, et la grosse somme d’argent qu’il doit à Sandià, le roi de la pègre d’East Harlem, risque de compromettre son identité officielle, voire de lui coûter la vie. Il n’a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune et monter un gros coup pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent très mal, il doit se débarrasser de ses complices, et un enfant est blessé lors d’échanges de tirs. Comble de malchance, le NYPD confie l’enquête à la dernière personne qu’il aurait souhaité. Rongé par l’angoisse et la culpabilité, Madigan va s’engager sur la dernière voie qu’il lui reste: celle d’une impossible rédemption.

Ma première rencontre avec le sieur Ellory n'avait pas été des plus concluantes. J'avais choisi Les anonymes et je pense que pour une première lecture de l'auteur, ce choix n'avait pas été des plus heureux. Si le côté enquête m'avait beaucoup plu, le côté politique lui m'avait par moments franchement ennuyée. J'avais fini par me perdre tant l'intrigue était dense, et j'avoue que du coup j'appréhendais un peu ma lecture de Un cœur sombre.
Et pourtant, quelle belle réussite que celui-ci! Je n'ai rien retrouvé ici de ce que je pouvais reprocher aux Anonymes, ma lecture s'est déroulée sans heurts, j'ai vraiment apprécié ce bouquin.

J'avoue, j'ai pris mon temps. Je voulais être sûre de bien tout comprendre, de ne rien louper, mais à la fin j'avoue que j'ai accéléré le rythme, voulant savoir si Vincent allait réussir à se sortir du guêpier dans lequel il s'était fourré et si les dommages collatéraux allaient être élevés ou pas.
Je n'ai pas pu m'empêcher de m'attacher à Vincent Madigan, ce flic alcoolique, drogué aux médicaments, mauvais mari et mauvais père, qui essaie par tous les moyens de rembourser sa dette à Sandià, roi de la pègre d'East Harlem, et de payer les pensions alimentaires de ses ex.

Vincent est dans la mouise, plus il se débat et plus il s'enfonce, jusqu'au moment où il a l'idée d'aller braquer une planque appartenant à... Sandià lui-même! Sérieusement, dès le début, cette idée puait le moisi. C'était à se douter que rien ne marcherait comme prévu, c'était écrit d'avance, mais Vincent y va quand même. Limite, j'ai eu l'impression qu'il était impossible que Madigan ne fasse pas de conneries. 
C'est comme s'il avait un détecteur à emmerdes: il pourrait s'en tenir éloigné, mais non, au contraire il y saute à pieds joints!

Madigan fait rarement les bons choix, mais il a au moins la volonté de faire bien. Dommage qu'il doive attendre d'être pris à la gorge pour s'y mettre! Vincent, c'est le genre de mec que l'on devrait détester tant il enchaîne les mauvaises décisions et tant il utilise les gens pour arriver à ses fins, sans se soucier des conséquences que cela peut avoir sur les autres. Il est égoïste, manipulateur, menteur hors pair, et pourtant j'ai eu pitié de lui.
Même si elle est basée sur le mensonge, j'ai aimé sa relation avec Isabella. A son contact, il évolue, et si au début il la recherche uniquement pour se sauver lui, il tentera au final de la sauver elle. 

Vincent, c'est le roi des coups tordus. Il imagine tout un tas de plans tarabiscotés pour tenter de sauver les apparences, quitte à faire accuser du vol un autre que lui. Tant que l'honneur est sauf... Sauf que rien ne va aller comme prévu, obligeant Madigan à modifier sans arrêt ses plans et à tenter de sauver ce qui peut encore l'être, si tant est qu'il reste quelque chose ou quelqu'un à sauver...
Finalement, Vincent se révèle moins mauvais bougre qu'on aurait pu le croire. Est-ce suffisant pour se racheter une conduite et une conscience? Pas sûr... 

Qui a dit que Vincent Madigan n'avait pas de cœur? Il en a un pourtant, sombre certes, mais humain avant tout.

lecture très agréable