dimanche 17 novembre 2013

Juste une ombre

Ce livre m'a fait de l’œil pendant un bon moment, avant que je me laisse finalement tenter. Le résumé, la couverture, qui illustre très bien le propos, m'ont irrésistiblement attirée, et une fois encore Karine Giebel a fait mouche!

Après une soirée un peu arrosée, Cloé est suivie par un homme jusqu'à sa voiture. Cet incident aurait pu s'arrêter là, mais dans les jours qui suivent, elle recroise l'homme, qui semble prendre un malin plaisir à la suivre.
Mais comment le faire comprendre à son entourage, quand l'ombre semble se manifester uniquement quand elle est seule? Comment les convaincre que ce n'est pas que de la paranoïa?
Bientôt, l'ombre s'étend sur toute sa vie, ruinant sa carrière, la séparant de son amant et de sa famille, la rendant seule peu à peu...

Karine Giebel est pour moi une valeur sûre en matière de polar. J'aime beaucoup ses écrits, que ce soit en format court ou en roman.
Cette lecture n'a pas fait exception, je l'ai vraiment appréciée, même si quelques points négatifs m'empêchent de la classer en coup de cœur.

Pour commencer, je ne me suis absolument pas attachée à l'héroïne, Cloé. Je l'ai trouvée glaciale, égoïste, imbue d'elle-même, et parfois hystérique. C'est une carriériste, qui n'aspire qu'à obtenir le poste de directrice d'une agence de pub, et pour cela elle n'hésite pas à écraser les autres et à humilier ses collaborateurs. Bref, c'est une peste!
Je n'ai pas non plus apprécié le personnage de Bertrand, son petit ami, un homme qui aime jouer avec les femmes jusqu'à leur briser le cœur. Je l'ai trouvé ambigu, aussi égoïste que Cloé (en cela, ils font la paire!)...

J'ai de loin préféré les personnages de Carole, la meilleure amie de Cloé, et bien sûr celui d'Alexandre, le flic torturé qui cache sous des dehors de psychopathe la douleur de voir sa femme malade mourir petit à petit.
Aux côtés de cet homme hors norme, Cloé s'humanise, et on comprend peu à peu que sous sa carapace se cachent des blessures profondes qui ont fait d'elle ce qu'elle est devenue.

J'ai aimé suivre la descente aux enfers de Cloé, c'est très bien écrit et les pages se tournent toutes seules. J'avais du mal à m'arracher à ma lecture, tellement je voulais connaître la suite, et savoir ce qu'il allait advenir d'elle.
Ce livre s'apparente plus à un thriller psychologique qu'à un polar pur et dur, et cela joue clairement en sa faveur. On voit Cloé perdre peu à peu pied, se déconnecter de la réalité, tentant vainement de convaincre ses amis qu'elle est bien suivie par un homme. Seul problème: cette ombre ne se manifeste que quand elle est seule. Personne ne la croit quand il rentre chez elle, quand il l'attaque: il ne laisse aucune preuve tangible, si bien que même la police refuse d'intervenir.

Peu à peu, Cloé se renferme, coupe les ponts avec Carole, le summum étant la rupture avec Bertrand. Elle devient accro aux somnifères, arrive en retard au bureau, perd peu à peu ses chances de se voir octroyer le poste de ses rêves. L'ombre s'étend sur toute sa vie, la faisant chuter de son piédestal: l'orgueilleuse Cloé perd de sa superbe, jusqu'à franchir l'ultime limite...
Elle en arrive à soupçonner tout le monde, tous deviennent des suspects potentiels: Bertrand, qui l'a quittée; Martins, qui est en compétition avec elle pour le poste de directeur de l'agence; Christophe, son son ex-mari violent... Cloé voit le mal partout, si bien que cela joue en sa défaveur, et la fait passer pour paranoïaque auprès de tous ceux qui la côtoient...

Je pense par contre que ce livre aurait pu être plus court. J'ai trouvé que certaines choses traînaient en longueur et qu'il y avait des répétitions: Cloé se trouve face à l'ombre, elle est morte de peur, puis elle se reprend et se répète qu'elle n'est pas encore morte, pas encore finie, et que la prochaine fois elle sera prête à affronter ses peurs. Puis, forte de ses nouvelles résolutions, elle se sent prête à se battre contre cet ennemi invisible, puis face à lui de nouveau panique, puis se reprend, etc... Ces répétitions ont constitué pour moi le vrai point noir du récit.

Pour contrebalancer tout cela, il reste le gros point positif: la fin! A quelques pages près, on pourrait croire que le livre finit mal, car le destin que connaît Cloé est loin d'être des plus enviables, mais il reste heureusement un personnage qui suffit à faire pencher la balance. Que voulez-vous, j'ai aimé qu'on me laisse une petite lueur d'espoir! ^^

En bref, Karine Giebel nous livre là encore un livre très accrocheur, même si ce n'est pas le meilleur que j'aie lu... Prochain rendez-vous avec Purgatoire des innocents, dont j'ai entendu beaucoup de bien...

lecture agréable
 
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2 commentaires:

  1. Il faut que je le lise car j'adore cette auteure :)

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    Réponses
    1. Ce roman est vraiment très bon, mis à part pour l'héroïne qui est à baffer!

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