Celui dont le nom n'est plus

Depuis le temps que j'entends parler en bien de René Manzor, il devenait urgent que je me frotte à sa plume! Celui-ci trônait en bonne place au centre culturel, c'est donc tout naturellement que je me suis laissée tenter...

Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, un homme vidé de ses organes. Devant une vieille dame sous le choc, l’inspecteur McKenna a sa mine des mauvais jours. Pourquoi cette femme à la vie exemplaire a-t-elle massacré l’homme qu’elle a élevé comme son fils? Ça n’a aucun sens. Pourtant, tout l’accuse. Deux jours après, ça recommence. Un homme a tué de façon similaire par la personne qui l’aime le plus au monde. Toutes les vingt-quatre heures, un nouveau supplicié. Tous ces meurtres ont comme point commun des présumés coupables éplorés et une épitaphe en lettres de sang où l’on peut lire: Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus. Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles. McKenna, flic irlandais, père de quatre garçons, veuf depuis un an et fou de chagrin. Dahlia Rhymes, criminologue américaine, spécialiste en meurtre rituel et satanique, désignée pour comprendre les ressorts des assassins. Nils Blake, avocat qui a rangé sa robe, mais remonte au créneau pour défendre ces coupables pas comme les autres. Trois destins, et trois vies détournées à jamais de leur cours.

Ce livre et moi, ça ne partait pas forcément bien: des meurtres rituels, de la religion, et des personnages qui nous sont tous présentés en vrac dès les premières pages, ce qui en général a le don de me larguer. Et pourtant, j'ai adoré ce roman, je me suis pris une claque monumentale, totalement accro à l'écriture de l'auteur et à cette histoire à l'ambiance très noire.

La palme revient à l'inspecteur McKenna, flic bourru qui cache bien son côté papa poule. En effet, il a perdu sa femme et doit s'occuper seul de ses 4 fils, ce qui n'est pas une mince affaire. Dahlia, elle, est une jeune femme qui a su transformer ses blessures et ses failles en force. C'est le parfait pendant de McKenna, à eux deux ils forment une équipe de choc que j'ai trouvée plaisante à suivre, que ce soit dans leurs coups de gueule ou leurs intuitions. Quant à Nils, l'ancien avocat greffé du cœur qui rêve de changer de vie, comment ne pas s'attacher à lui? Surtout qu'il est pris dans l'engrenage de l'enquête un peu malgré lui...

L'affaire dont héritent McKenna est Dahlia est on ne peut plus étrange: une femme a éventré l'homme dont elle a été la nourrice et qu'elle aime comme un fils. Si sa culpabilité ne fait aucun doute, elle ne se souvient pourtant de rien, ce qui ne l'empêche pas d'accepter de porter l'entière responsabilité de ce meurtre horrible. Mais les choses ne s'arrêtent pas là, puisqu'un nouveau meurtre identique est découvert, et toutes les 24 heures cela s'enchaîne: des personnes tuent les êtres qu'ils aiment le plus au monde.
Le point commun de ces meurtres, ce sont les mises en scène rituelles: chaque cadavre est préparé avec soin selon les rites funéraires de sa religion. De plus, sur chaque scène de crime est retrouvée une épitaphe sanglante, où il est question de Celui dont le Nom n’est plus. Reste à le retrouver afin d'espérer mettre fin à cette série macabre...

J'ai eu une très grosse frayeur, car un suspect est arrêté très rapidement durant l'enquête et je me demandais donc comment l'auteur allait bien pouvoir rebondir suite à cet évènement sans tourner en rond ou traîner en longueur. Eh bien, il a réussi haut la main, en proposant une théorie plus que surprenante! 
Révélations et rebondissements vont s'enchaîner, le suspect, qui déjà à la base fait froid dans le dos, va jouer avec nos nerfs déjà bien malmenés, mais je dois bien avouer que j'ai adoré ça! 

La tension monte crescendo, jusqu'à la révélation finale. C'est avec frénésie que j'ai tourné les pages, je me doutais un peu de ce qui allait se passer, mais je ne pensais pas que ce serait poussé à ce point. J'ai beaucoup aimé cette fin, elle apporte son lot de découvertes très surprenantes (il y en a une en particulier que je n'avais pas du tout vue venir) mais également très tristes. Personne ne sort indemne de cette affaire, et moi non plus d'ailleurs, soufflée par ce final pas très gai mais mené d'une main de maître.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce polar à l'ambiance si particulière, et c'est avec grand plaisir que je lirai d'autres livres de cet auteur.

lecture très agréable