lundi 20 mars 2017

Chanson douce

Je voulais lire ce livre depuis sa sortie, et plus encore lorsque les critiques ultra positives ont commencé à affluer. Ajoutez en plus un prix Goncourt, qui pour une fois récompense un livre à la portée de tous, et vous comprendrez que je n'ai pas voulu résister quand l'occasion s'est présentée..

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.

Ce livre commence fort. Très fort. Dès les premières lignes du premier chapitre, on sait qu'un drame vient de se produire. Puis nous remontons le temps afin de mieux nous pencher sur le début de cette histoire et comprendre comment les choses ont pu autant déraper pour en arriver là.

Nous rencontrons donc Myriam et Paul, parents de deux enfants. Myriam est mère au foyer, et peu à peu on se rend compte qu'elle est malheureuse: elle aime ses enfants mais a parfois la sensation d'étouffer, de n'exister qu'à travers eux. Pour eux elle a mis sa jeune mais apparemment prometteuse carrière entre parenthèses et on l'impression que parfois elle le regrette.
Du coup, quand un ancien ami possédant son cabinet d'avocats lui propose de venir travailler avec lui, Myriam a bien envie d'accepter. Paul hésite avant de finalement céder, et c'est ensemble qu'ils recherchent une nounou.
Ils tombent alors sur Louise, qui dispose d'excellentes références, et l'engagent.

Au début, c'est le bonheur: Myriam revit, le couple se permet de sortir le soir, ils gagnent plus d'argent, invitent de nouveau des amis à la maison... Louise gère tout: elle s'occupe des enfants, prépare les repas, fait le ménage... Bref, c'est une perle et les parents l'ont bien compris. 
Peu à peu, ils en viennent à se reposer de plus en plus sur elle: Myriam rentre tard? Pas de souci, Louise est là, elle douche les petits, les fait manger, les couche. Le couple veut recevoir des amis? Pas de souci, Louise cuisine pour tout ce petit monde, et Myriam n'a plus qu'à jouer les maîtresses de maison.

Bref, Louise se rend peu à peu indispensable, si bien que Paul et Myriam ne conçoivent plus leur vie sans elle, allant même jusqu'à l'emmener en vacances avec eux en Grèce.

Cependant, on se rend vite compte que quelque chose ne tourne pas rond, sans pour autant réussir à mettre le doigt dessus. Louise est si parfaite que ça en devient presque terrifiant, et pourtant derrière le masque se cachent des zones d'ombre dont elle se garde bien de parler.
Quand le narrateur se place du point de vue de Louise, on voit bien qu'il y a un truc qui cloche. Louise se sent seule, les rares fois où elle est chez elle on sent comme une dépression, une angoisse, elle a besoin de retourner chez Myriam et Paul, de se sentir indispensable.
Les parents sont bien sûr ravis, une telle perle qui accepte d'être là même le week-end, qui dort sur place, pour eux c'est le rêve! Mais plus la dépendance se met en place, que ce soit du côté des parents ou de la nounou, plus le masque se fissure. Jusqu'au drame, impensable.

La tension monte crescendo, on pourrait presque dire qu'on ne voit rien venir, sauf que l'on sait depuis le début. Ce qui est intéressant, c'est de voir comment on a pu en arriver là. 
On pourrait se demander quel est l'intérêt de lire un livre dont on connaît déjà la fin? Il réside justement dans la construction de l'histoire, qui pourrait paraître terriblement banale au premier abord mais sans jamais l'être. 

Louise a l'impression de faire partie de cette famille qui s'accroche à elle, elle n'a pas de vie en-dehors d'eux, tandis que Paul et Myriam, accaparés qu'ils sont par leur nouvelle vie, ne s'imaginent pas que Louise puisse justement avoir une vie bien à elle, puisqu'elle répond toujours toujours présente et accède à toutes leurs demandes et envies.
Et c'est bien là le souci, quand on vit tellement collés les uns aux autres à s'en étouffer, sans aucune liberté ou soupape de sécurité... Un jour où l'autre, ça finit forcément par exploser!

Bref, Chanson douce est un roman puissant, ne vous fiez pas au titre! Je me suis pris une claque magistrale avec ce livre, je vous le recommande absolument!

coup de cœur!

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8 commentaires:

  1. Étonnamment, malgré tout le bien que je lis dessus et même avec ton avis, on a plusieurs lectures en commun et certains goût en lectures assez proches, celui là ne m'attire pas du tout. En tout cas pas pour l'instant. En tout cas, tu en parles très bien et on ressent la claque que tu as prises avec cette lecture =)

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    1. Merci! C'est peut-être l'effet de masse qui te coupe l'envie de le lire?

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  2. Ce n'est pas un livre vers lequel je me serais tournée mais ton avis donne tout de même envie de lui donner une chance :)

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    1. Merci! Je pense qu'il peut plaire à pas mal de monde, en tout cas il m'a chamboulée ça c'est clair ^^

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  3. J'ai bien bien hâte d'avoir sa sortie en poche parce que le grand format est trop cher et que j'ai déjà Dans le jardin de l'ogre en poche, bref... J'en entends tellement de bien et j'ai lu les premières pages, cette autrice a un talent fou pour développer une ambiance anxiogène.

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    1. Oui le prix c'est abusé! L'ambiance de celui-là est au top, reste à voir ce qu'elle nous concoctera pour le prochain :)

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  4. Il est dans ma PAL ! Il a l'air tellement génial :D
    Il doit vraiment y avoir une tension de fou dans ce bouquin !

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