samedi 24 juin 2017

Justice soit-elle

J'ai vu passer ce livre chez une copinaute et j'avoue avoir été intriguée par sa couverture et surtout par son titre. Du coup, sachant qu'il était disponible sur NetGalley, j'ai été tenter ma chance afin de pouvoir le découvrir à mon tour. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai été franchement déroutée par son style...

Machos et salauds... Dix-sept meurtres de femmes non élucidés. Bienvenue en Bourgogne. Affaires classées ou non-lieu, la justice a depuis longtemps baissé les bras. Qui étaient toutes ces filles dont les cadavres ont été disséminés dans la région? Des filles faciles, qui n’ont eu que ce qu’elles méritaient? C’est ce que certains laissent entendre… 
Laurine, elle, voudrait simplement savoir qui a assassiné sa mère. Quand un nouveau meurtre est découvert, c’est, pour cette gamine déterminée, l’occasion de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Gendarmes, médias, familles, juges, tout le monde en prend pour son grade. 
Au milieu de ce déchainement de violence qui confond victimes et coupables, l'avocate Déborah Lange, spécialiste des "cold cases", se bat pour faire éclater la vérité. Inspiré de faits réels, Justice soit-elle est un cri de colère d’une auteure engagée contre les violences faites aux femmes et le mépris d’une justice à deux vitesses.

Je tiens une fois encore à remercier le réseau francophone NetGalley et la collection Sang Neuf des Editions Plon pour m'avoir permis de lire ce livre.
J'avoue que je ne savais pas trop quoi penser de ce livre une fois terminé. C'est en effet assez difficile de mettre en mots ce que j'ai pu ressentir face à cette lecture, déjà car ce n'est pas vraiment mon style habituel, puis de savoir que cette histoire est inspirée de faits réels m'a encore plus fait froid dans le dos. Je  continue à penser que tous les malades sont loin d'être enfermés, et franchement ce que j'ai pu lire fait peur.

Dix-sept jeunes femmes ont disparu en vingt-six ans, pour la plupart des adolescentes. Sur tous ces cas, seuls quatre ont pu être élucidés. 
Il faut savoir que l'auteure s'est inspirée du travail de Corinne Hermann pour son personnage de l'avocate Déborah Lange, mandatée par un cabinet afin d'enquêter sur ces dossiers et si possible de les faire rouvrir. En effet, si des points communs entre ces morts venaient à être découverts, la prescription pourrait être levée.

En parallèle, nous suivons Laurine, une gamine d'une dizaine d'années qui est loin d'avoir sa langue dans sa poche. Ce qu'elle aimerait, c'est savoir qui a tué sa mère. Manque de chance, alors qu'elle est sortie en douce de nuit, elle tombe sur un dix-huitième cadavre, celui de la jeune Perrine.
Laurine va tenter de profiter de cette "opportunité" et de la présence de l'avocate pour tenter de savoir qui est l'assassin de sa mère.
Tandis que la police enquête de son côté, Déborah tente de faire parler les familles des autres victimes, chose malaisée s'il en est: en effet, rouvrir ces plaies qui ne se sont jamais vraiment refermées est une nouvelle souffrance pour ces gens, qui souhaitent désormais avoir le droit de faire le deuil de leur enfant.

A force d'acharnement, Déborah va peu à peu faire la lumière sur une bonne partie de cette affaire, et pourtant ça n'était pas gagné au départ. Certaines familles veulent avoir droit à l'oubli, d'autres ont fini par baisser les bras et on ne peut pas les blâmer: ils se sont sentis rejetés et laissés de côté par la police, et n'ont pas été mis au courant des avancées des enquêtes. Pour ma part, je peux comprendre qu'aujourd'hui ils n'aient pas envie de revivre tout ça.

Des similitudes ne vont pas tarder à apparaître, comme par exemple le fait que certaines jeunes filles avaient les mains liées dans le dos alors que d'autres ont été retrouvées près de plans d'eau. Autant d'indices qui n'ont pas été exploités alors qu'ils auraient pu fournir de nouveaux éléments à l'époque.
Et là, on s'aperçoit avec effarement que la police a volontairement (ou non) écarté certaines hypothèses, que des preuves ont été perdues, que certains suspects n'ont jamais été incriminés, ou encore que la thèse d'un tueur en série a tout bonnement été jugée inconcevable.

Au début, j'ai vraiment eu l'impression d'assister à une émission de cold case, mais version livre, surtout lorsque l'on énumère la liste des dix-sept jeunes filles et les circonstances de leur mort. 
Le style, que j'ai trouvé un peu froid et impersonnel, m'a du coup quelque peu déroutée. Ensuite, quand Déborah commence ses démarches, j'ai plus retrouvé le style enquête policière, comme si je lisais un thriller parmi d'autres. 
C'est assez journalistique par moments, très factuel et réaliste, parfois détaché, mais toujours dans le fond on sent bien la volonté de l'auteure de rendre leur dignité à ces femmes.

Bref, personnellement j'ai été déstabilisée par ce style que l'on rencontre peu, mais peut-être que mon interprétation est faussée, et que vous l'avez ressenti autrement si vous l'avez lu (et si c'est le cas n'hésitez pas à venir m'en parler, je serai heureuse d'avoir votre avis sur le sujet).

Lorsque la réalité a commencé à pointer le bout de son nez, j'ai été effarée de constater les ramifications de cette affaire et surtout le laxisme qui a pu avoir lieu à l'époque des faits. C'est juste... sordide. Voilà, je ne pense pas qu'il y ait d'autre mot pour décrire tout cela. 

Honnêtement, lisez ce livre. Non pas par voyeurisme ou par curiosité mal placée, mais pour rendre enfin justice (un peu tardive hélas) à ces femmes et à leur famille, pour que leur mort ne soit pas classée sans suite, pour qu'enfin on sache ce qui leur est arrivé et que les parents puissent enfin trouver une paix relative.


lecture agréable (enfin, vous voyez ce que je veux dire ^^')

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