dimanche 17 décembre 2017

Histoire d'une mère

Ce livre me tentait énormément du fait de son thème, très peu traité car très difficile. J'étais curieuse de voir comment tout cela allait être traité, et j'avoue ne pas avoir été déçue...

Jess n’a que 23 ans quand elle épouse Matt. Un an plus tard, elle est enceinte et folle de joie. Son entourage se réjouit à l’approche de l’heureux événement. Mais quand arrive le jour tant attendu, Jess n’éprouve rien pour sa fille. Pas même de l’affection. Seule face à cette terrible découverte, elle redoute de commettre un geste irréparable.

Cette histoire commence de manière idyllique, façon téléfilm à l'eau de rose de chez M6: un couple fou amoureux, qui a tout pour être heureux, et qui pourtant va peu à peu partir à la dérive.
Matt et Jess viennent de se marier, ils vivent dans une belle maison, et ils ont déjà planifié leur vie future. Mais voilà que cette belle mécanique vient à se gripper quand Jess apprend qu'elle est enceinte. La grossesse se passe relativement bien, Jess est folle de joie malgré quelques doutes, mais tout bascule le jour de l'accouchement: un malaise et une césarienne plus tard, Jess se retrouve maman, sauf qu'elle ne ressent rien. 
Pourtant, on lui avait "promis" une vague d'amour débordant le jour où elle verrait son bébé, alors qu'est-ce qui ne va pas? Est-elle normale? Pourquoi ne ressent-elle rien?

Jess se pose tout un tas de questions, ce que je peux comprendre: on n'arrête pas de nous vanter l'amour inconditionnel d'une mère pour son enfant, on nous répète à l'envi que la maternité est une chose oh combien merveilleuse, que l'on est forcément épanouie pendant la grossesse et que l'on sera une wondermum une fois notre bébé né.

Sauf que parfois, les choses ne se passent pas comme prévu, et la vérité devient alors tout autre. Pour avoir vécu un peu la même chose que Jessica (à savoir une césarienne en urgence, mais fort heureusement sans toutes les complications que notre héroïne se voit forcée de subir), je comprends son ressenti, cette impression que l'on nous a volé la naissance de notre bébé, que l'on est passée à côté de ce côté un peu magique qu'est la rencontre entre bébé et maman, cet instant fragile où on nous pose bébé sur le ventre et où on se dit que wouah, finalement ça en valait la peine.

Sauf que chez Jess, tout cela va prendre une ampleur insoupçonnée. Car si au début elle semblait particulièrement heureuse à l'aidée de devenir mère, très vite ce sentiment est remplacé par autre chose: peur de ne pas savoir comment faire, de ne pas savoir comment gérer les pleurs, de ne pas savoir comment s'occuper de sa fille, de ne pas savoir comment la tenir ou la nourrir...

Jessica m'a fait de la peine, j'ai vraiment eu mal pour elle, à la voir si démunie et si seule face à la joie des autres. Son mari est béat, fou d'amour pour sa fille, et même sa meilleure amie, pourtant anti-bébé, en est totalement gaga. Tous ne comprennent pas pourquoi Jess reste si amorphe alors qu'elle a la chance d'avoir un bébé qui mange et dort bien et qui semble avoir un caractère facile.
Jessica se sent seule et incomprise, elle s'enfonce dans ses idées noires et sa peur panique à l'idée d'être seule avec son bébé.
Bref, Jess sombre, et la chute est d'autant plus dure quand on repense à son bonheur au début du livre.

Nous assistons à cette chute, lente et pourtant inévitable, nous ne sommes que de simples spectateurs et pourtant que j'aurais aimé pouvoir aider cette pauvre maman en détresse, qui bien qu'elle soit entourée reste irrémédiablement seule face au cauchemar qu'est devenu sa vie.
Car personne ne voit rien: du moins, si ses proches trouvent Jessica amorphe, personne ne semble comprendre ce qu'il se passe, personne ne voit le drame bouillonnant sous la surface, pas même le mari bien-aimé qui finit par perdre patience devant sa femme qui passe ses journées sous la couette au point de tout délaisser chez elle.

Jessica s'enfonce dans son malaise, tout lui paraît insurmontable, elle fond en larmes à la moindre occasion, et culpabilise de plus en plus de ne pas réussir à s'occuper de son enfant. 
Cependant, rien ne doit transparaître, Jess veut absolument cacher cette incapacité à aimer son enfant qui lui fait si honte, elle veut continuer à faire comme si tout allait bien, en espérant qu'enfin cette spirale infernale s'arrête et qu'enfin elle réussisse à aimer et à accepter sa fille.

Et puis enfin arrivent des amis qui comprennent ce que Jessica s'évertue à cacher, le mal-être éclate au grand jour et vient le temps de la délivrance. 
Du moins en apparence, car s'il y a des périodes où Jessica semble aller mieux, l'équilibre reste fragile, entre éclaircies et rechutes, jusqu'au jour où l'irréparable se produit...

J'ai adoré ce texte, qui a le mérite de parler d'un sujet on ne peut plus tabou: la dépression post-natale. Peu de femmes sont informées, et même si le nombre de cas reste minoritaire, je trouve important d'en parler. 
On nous parle sans cesse de la maternité rayonnante, de la mère toute-puissante, celle qui donne la vie et aime ses enfants d'un amour inconditionnel, mais on oublie toutes celles pour qui ce n'est pas évident, toutes celles qui, bien qu'elles aient en apparence tout pour être heureuses, se retrouvent finalement dans la situation de Jessica alors même que le bébé était on ne peut plus désiré.

Fort heureusement, la fin, très belle et touchante, apporte un peu de lumière à ce livre somme toute très triste et sombre. Il permet de clore joliment ce livre sur une note d'espoir, qui montre que rien n'est jamais perdu. Il n'empêche que je vous conseille fortement de lire ce livre et de vous informer, car malheureusement cela n'arrive pas qu'aux autres, même quand le bébé est plus qu'attendu et désiré...

lecture très agréable

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Ce livre a été lu dans le cadre du challenge "Un mot, des titres" chez Azilis.
https://aziquilit.com/2017/10/14/challenge-un-mot-des-titres-le-mot-session-52/

Tous les billets pour cette session "Mère" sont disponibles ici!

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