Prends ma vie

Une couverture à l'esthétisme soignée, un résumé qui laisse présager un thriller psychologique prenant, tout m'interpellait quand j'ai remarqué ce livre. Et s'il est vrai que parfois un écrin moche peut receler un vrai bijou, malheureusement l'inverse peut également s'avérer possible...

Depuis le décès de sa mère, Leila, jeune femme solitaire et mal dans sa peau, s'est réfugiée derrière son écran d'ordinateur et ne communique plus que sur la Toile. Elle n'a jamais rencontré Tess, et pourtant elle connaît tout de sa vie. Et Tess, belle, mondaine et maniaco-dépressive, n'a jamais rencontré Leila, mais elle a besoin d'elle pour disparaître sans que son entourage s'en aperçoive.

Les deux jeunes femmes concluent un pacte : Leila sera désormais Tess dans ce monde virtuel que toutes deux fréquentent assidûment. Mais prendre la vie d'une autre peut être un geste lourd de conséquences...

Bien, j'avoue que je ne sais pas trop par quoi commencer. Cette lecture ne s'est pas faite sans heurts, il y a eu pas mal de bas, même s'il faut avouer que la deuxième partie est bien meilleure.

Nous suivons donc Leila, jeune femme solitaire qui passe sa vie derrière son écran d'ordinateur. Depuis la mort de sa mère d'une sclérose en plaques, Leila s'est renfermée, participant à un site philosophique nommé Red Pill. Bientôt, elle rencontre son fondateur, Adrian, qui lui propose d'aider Tess, une femme bipolaire et dépressive, à mettre fin à ses jours sans que ses proches en soient affectés. Leila, qui pense que chacun est libre de disposer de son corps et de décider du jour de sa mort, accepte de "devenir" Tess...

Les bases sont posées: une jeune femme accepte de devenir une autre sur la toile, apprend à devenir l'autre, à penser et à écrire comme elle, pour que personne dans l'entourage de l'autre puisse deviner qu'elle a disparu. Sauf que prendre la vie de quelqu'un n'est pas une tâche facile à assumer. Leila apprend tout de Tess, son enfance, ses amis, ses voyages, ses amours... Mais cela peut-il vraiment suffire?

Je dois avouer que je m'attendais à tout autre chose quand j'ai commencé ce livre. Je pensais avoir affaire à un thriller psychologique empli de rebondissements et de retournements de situations, au lieu de ça j'ai eu droit à une histoire poussive qui a peiné à se mettre en place.

Je pensais que Leila et Tess se rencontraient sur la toile, pas que la première serait "recrutée" par le modérateur d'un forum dédié aux débats philosophiques.

Je pensais qu'elles seraient amies, qu'elles se seraient rencontrées, bref j'imaginais un vrai lien entre elles, alors qu'en fait il n'en est rien.

Puis Tess disparaît, non sans avoir laisse sa vie clefs en main à Leila. Mais Tess est-elle bien morte ou a-t-elle refait sa vie ailleurs? Peut-on réellement tromper l'entourage d'une personne en se faisant passer pour elle? Peut-on vraiment tout connaître de quelqu'un? 

J'ai aimé cet aspect du roman, le fait que l'on se pose toutes ces questions, et j'ai trouvé terrifiant que Leila réussisse si bien à "incarner" Tess. Personne ne se pose de questions, il suffit de prétexter vouloir changer de vie à l'autre bout du monde, de 2-3 photos photoshopées, de 2-3 statuts sur facebook et de quelques mails aux amis pour que tous s'imaginent que Tess est simplement partie en voyage. J'ai trouvé fou que personne ne se rende compte que ce n'était pas elle derrière son écran...

Gros bémol par contre en ce qui concerne les personnages, je ne me suis attachée à aucun d'eux. Je n'ai pas aimé Leila, je l'ai trouvée froide, détachée, Tess projette de se suicider et elle accepte de l'aider comme si de rien n'était. Sous couvert d'éthique, de "chacun fait ce qu'il veut de sa vie et peut se suicider s'il estime avoir assez vécu", elle accepte d'aider un être humain à se supprimer et surtout à cacher son geste à ceux qui l'aiment.
Tess m'a un peu plus émue, sa fragilité ne peut que toucher et ce malgré ses troubles bipolaires qui peuvent la rendre tour à tour attachante ou agaçante, voire même flippante. Tess ne se soucie pas de grand chose, elle vit au jour le jour, collectionne les hommes et les objets d'art, mais surtout souffre d'être elle-même. 
Quant à Adrian, son côté gourou m'a franchement déplu et agacée. Les membres de son site (et surtout Leila) passent leur temps à vouloir lui plaire, ils débattent philosophie tout en évitant certains sujets qui fâchent sous peine d'être exclus, c'est lui qui décide de la montée en grade des membres, mais aussi de leur chute, et parfois celle-ci peut être franchement rude.

La première partie, sous forme de journal de bord de Leila, ne m'a pas plu. Je ne m'attendais pas à ce type de récit, je me suis ennuyée, je trouvais que ça tirait en longueur surtout qu'en plus il ne se passe pas grand chose. Leila nous raconte sa "rencontre" avec Adrian puis avec Tess, l'élaboration du plan jusqu'à la disparition de Tess, mais dieu que c'était mou!

Il faut attendre d'avoir dépassé la moitié du livre pour qu'enfin les choses s'accélèrent et pour qu'enfin on comprenne la vérité qui se cache derrière Red Pill et Adrian. Leila va commencer à ouvrir les yeux et à voir que la réalité n'est pas toujours ce qu'on croit, et là j'avoue que l'auteur a réussi à aiguiser ma curiosité. La fin, bien qu'ouverte, m'a également beaucoup plu, et c'est d'ailleurs ce qui fait que j'ai lu ce roman jusqu'au bout.

Bref, ce roman aura finalement été une petite déception. Au vu du résumé, j'en attendais tout autre chose, et mes attentes ont été déçue. Devoir attendre, dans un thriller psychologique, de dépasser la moitié du livre pour qu'il se passe enfin quelque chose, désolée mais c'est trop long!

lecture décevante